Un morceau créé avec l'IA Suno a cumulé des millions de streams en imitant la voix de la chanteuse britannique. Son label FAMM contre-attaque et réclame sa part du gâteau.
Une viralité suspecte
En octobre dernier, le titre I Run du producteur HAVEN a littéralement explosé sur TikTok. Ce morceau de type « UK garage » porté par une voix féminine soul a rapidement grimpé jusqu'à la 11e place des titres les plus écoutés sur Spotify aux États-Unis, et même 8e en Australie. En moins d'une semaine, le titre cumulait plus de 10 millions de streams sur TikTok. Sauf que voilà : cette voix ressemblait étrangement à celle de Jorja Smith. La chanteuse britannique a elle-même réagi en postant une vidéo avec le son, accompagnée d'un message sans équivoque : C'est qui en fait ? Ce n'est pas moi.
L'IA au coeur du processus
Harrison Walker, le producteur derrière HAVEN, a reconnu avoir utilisé la plateforme d'intelligence artificielle Suno pour créer les voix du morceau. Selon lui, il aurait simplement transformé sa propre voix en timbre féminin grâce à l'outil, sans jamais chercher à imiter Jorja Smith spécifiquement. Les prompts utilisés mentionnaient des "samples vocaux soul", rien de plus. Son coproducteur Jacob Donaghue confirme cette version. Par contre, le label FAMM ne l'entend pas de cette oreille : il affirme que les modèles de Suno ont été entraînés sur le catalogue d'artistes comme Smith, ce qui expliquerait la ressemblance troublante.
Le label passe à l'offensive
Face à la polémique, le titre a été retiré des plateformes de streaming en novembre, avant de réapparaître dans une nouvelle version avec une vraie chanteuse, Kaitlin Aragon. Cette mouture cumule désormais plus de 30 millions de streams sur Spotify. Mais pour FAMM, le mal est fait : Les deux morceaux portent atteinte aux droits de Jorja Smith et profitent injustement de son travail, martèle le label. Au-delà des royalties réclamées, FAMM milite pour un étiquetage obligatoire des contenus générés par IA sur les plateformes de streaming.
On en dit quoi ?
On voit bien que cette affaire dépasse largement le cas Jorja Smith. Comme le résume son label : Ce n'est pas qu'une question d'artiste ou de chanson, c'est bien plus large. Les créateurs deviennent des « dommages collatéraux » dans la course à l'IA, pendant que les plateformes comme Suno font déjà face à des procès de Sony et Universal pour avoir entraîné leurs modèles sur des catalogues protégés. Difficile de ne pas remarquer que la régulation avance à la vitesse d'un escargot face à des outils qui progressent, eux, à celle d'un TGV.
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