La tension retombe d’un cran entre Pékin et La Haye. La Chine a annoncé, ce samedi 1er novembre, un assouplissement de son interdiction d’exporter vers l’Europe les composants électroniques de Nexperia. Cette décision a été perçue comme un geste d’apaisement dans un dossier, qui faisait trembler toute l’industrie automobile européenne, dépendante de ces puces pour ses chaînes de production.
Un geste d’ouverture prudent
Nous examinerons de manière exhaustive la situation réelle des entreprises et accorderons des exemptions aux exportations qui répondent aux critères, a déclaré un porte-parole du ministère chinois du Commerce.
Ce ton plus conciliant contraste avec la fermeté affichée par Pékin depuis la fin septembre, lorsque la Chine avait suspendu les réexportations de composants Nexperia vers l’Europe, après la reprise de contrôle de l’entreprise par le gouvernement néerlandais.
Nexperia, au cœur d’un bras de fer stratégique
Basée aux Pays-Bas, Nexperia est un fournisseur mondial spécialisé dans les semi-conducteurs de puissance et les composants discrets utilisés notamment dans les systèmes embarqués automobiles. L’entreprise avait été acquise en 2018 par le groupe chinois Wingtech Technology, dans un contexte de forte expansion de la filière chinoise des semi-conducteurs.
Mais fin septembre, le gouvernement néerlandais a invoqué la sécurité nationale pour reprendre de facto le contrôle de Nexperia, estimant que certaines technologies critiques ne pouvaient plus dépendre d’intérêts étrangers. Cette décision avait été vécue comme une provocation par Pékin, qui avait immédiatement riposté en interdisant toute exportation vers l’Europe des composants fabriqués en Chine par la société.
Cette mesure a aussitôt suscité l’inquiétude des constructeurs automobiles européens, notamment allemands, qui utilisent massivement les puces Nexperia dans leurs calculateurs, capteurs et modules de gestion moteur. Certains craignaient des arrêts de production dès la fin de l’année si la situation perdurait.
Un soulagement fragile pour l’industrie européenne
L’annonce d’un possible rétablissement partiel des exportations est donc accueillie avec prudence. Berlin, en première ligne dans ce dossier, a salué une évolution positive, tout en appelant à une évaluation complète des impacts pour l’industrie automobile.
Cet épisode met une fois de plus en lumière la vulnérabilité stratégique de l’Europe face à la fragmentation géopolitique de la chaîne mondiale des semi-conducteurs. Malgré les efforts engagés via le European Chips Act, le continent reste dépendant de fournisseurs asiatiques pour une grande partie de ses composants.