La Twingo est de retour en électrique ! Après une déclinaison E-Tech passée presque inaperçue, faute d'autonomie suffisante, le constructeur remet le couvert, avec cette version néo-rétro très réussie !
Derrière ce look à tomber, se cache aussi quelques surprises moins réjouissantes, comme la batterie riquiquie et des limitations en entrée de gamme... mais aussi de très bonnes idées, reprises de la première Twingo, une référence en matière d'astuce et de vie à bord.
A l'occasion de sa première présentation officielle à la presse, Mac4Ever a pu monter à bord !
Une Twingo à moitié chinoise
Pour créer une voiture rapidement, à bon prix, sans sacrifier la technologie et la qualité de fabrication, Renault a eu le nez creux en déplaçant une partie de sa chaîne de valeurs... en Chine.
Via un centre de développement baptisé ACDC, ce "Tech-Center" abrite quelques ingénieurs français, mais permet surtout de faire la passerelle avec les principaux fournisseurs du véhicule, comme CATL pour la batterie ou encore Shanghai e-Drive pour la motorisation (qui n'est donc plus française).
La France conserve les clefs du style, mais aussi de la plateforme technique et logicielle, la voiture est d'ailleurs basée sur AmpR Small (la même que la R4/R5), ce qui permet de faire descendre en gamme quantité d'équipements et de conserver une certaine cohérence avec le reste des voiture du groupe.
L'assemblage se fera en Slovénie, dans l'usine qui a vu naitre la Smart ForTwo ou encore la Twingo 3. Suffisant pour obtenir des bonus écologiques ? Pas sûr, mais l'idée était surtout de sauver le marché des citadines électriques européennes devant l'assaut des modèles chinois !
Un look... de Twingo !
On l'avait presque oubliée, la Twingo originelle ! Avec sa petite bouille rondouillarde, ses yeux de biche et sa calandre en forme sourire, cette première version vieille de 30 ans commence à se faire rare dans les centre-villes - et les derniers modèles n'ont pas vraiment su la remplacer.
Cette nouvelle Twingo, il ne faut que quelques secondes pour l'aimer, qu'on l'ait ou non connue autrefois : avec ses feux proéminents, son regard joyeux et ses formes immédiatement reconnaissables, elle se rapproche bien plus de la première Twingo que ses grandes soeurs R4 et R5 !
Les couleurs sont vives et ça fait du bien ! Ce vert pailleté est très réussi, il fallait oser un tel coloris, qui était d'ailleurs celui du concept... et qui restera celui du modèle de lancement !
Nous, on l'aime beaucoup en jaune Mango même si j'ai un petit faible pour le rouge très vif, qui lui donne un côté sportif et fait ressortir tous les inserts en plastique noir.
Ce design intemporel semble plus que jamais très moderne, avec un silhouette en forme de goutte d'eau, idéale pour la voiture électrique -le Scx est de 0,656, un excellent score pour une petite voiture.
Comme pour la R5 et malgré le prix plancher, Renault a vraiment soigné les détails, comme cette fausse prise d'air qui cache en réalité le bouchon du lave-glace. C'est d'ailleurs la seule chose que l'on pourra ouvrir à l'avant, le capot étant maintenu fermé (sauf pour des opérations de service), il n'y a donc pas de frunk ni de pompe à chaleur -le refroidissement se fera par air.
J'aime beaucoup ces feux de jour qui sortent de la calandre, les vrais phares étant en réalité juste en dessous, cachés dans cette ligne horizontale traversante.
De profil, on pourrait presque la confondre avec son aïeule, grâce à ses roues placées au quatre coins pour gagner en espace intérieur. Les jantes ont toutefois un peu grossi, de 16 à 18", ce qui lui offre un look plus moderne, un peu moins caddie de supermarché.
L'arrière est très galbé, et s'éloigne donc du côté break de la première édition. Cette lunette très arrondie est entourée par un énorme morceau de plastique, et cache un essuie-glace, pas si courant sur le segment A.
Là encore, les phares semblent se détacher de la carrosserie, et confèrent à cette petite voiture un look très moderne. Tous mes confrères s'amusaient à venir rentrer la main dans le creux situé sous les optiques, reste à savoir si la poussière et la saleté ne viendront pas s'y loger les jour de pluie....
Un "grand" coffre et beaucoup d'accessoires !
Avec 360L, cette Twingo offre quand-même 100L de plus que la première version ! De quoi caser deux grosses valises à la verticale, comme dans une R5.
L'espace peut varier en fonction de la position des 2 sièges arrières, coulissant sur 17cm -exactement comme la première Twingo ! Il sera même possible de les faire glisser depuis le coffre, grâce à une petite lanière.
Le siège passager avant peut aussi s'aplatir totalement pour dégager une longueur de 2m et un volume de 1000L ! Imaginez, vous pouvez aller chercher un meuble Ikéa de bonne taille... dans une simple Twingo ! On retrouve bien ici l'esprit pratique de la première version.
Mieux, un sous-coffre de 50L permet de ranger ses câbles -faute de frunk. On appréciera d'ailleurs ce système de découpe qui permet d'accéder à cet espace sans devoir sortir tous les bagages.
Renault est-il en train de devenir le nouveau Skoda ? Déjà avec Dacia, les accessoires sont souvent bien pensés et très nombreux pour enrichir les intérieurs des véhicules. Par exemple, un système de fixations permet d'accrocher -au choix- un cache bagage souple, des petites lampes d'appoint ou encore des support pour les sacs de course...
Cette personnalisation XXL permet de s'approprier la voiture, et s'en faire un petit cocon à son image : clefs colorées, commodos sérigraphiés, on pourra même cacher des cannettes (ou ses clefs) dans un petit accoudoir recouvert de tissus et d'une fermeture-éclair !
De nombreuses pièces permettent aussi d'améliorer les rangements de la console centrale, de façon ludique et colorée.
Taillée pour la ville !
Avec ses 3,79m de long et 1,72m de large, notre petite Twingo sera toujours la star des villes.
Son rayon de braquage à 9,87m permet de se faufiler dans les places et les parking avec autant d'aisance que dans les années 90, à une époque où tous les modèles grossissent de plusieurs centimètres chaque année !
Revers de la médaille, la Twingo reste une 4 places, ce qui n'est pas toujours pratique pour transporter les copains. En revanche, c'est une 5 portes, et ça change tout ! Plus besoin de faire sortir le conducteur et d'incliner les sièges avant pour se glisser à l'arrière !
Enfin, malgré la batterie située dans le plancher, la garde au sol est généreuse (14,3cm), de quoi rester agile dans les rues envahies par les dos d'âne et les trottoirs de plus en plus hauts.
Enfin, son poids est très contenu, avec seulement 1200 kg ! Cela reste plus élevé que la première génération (800-900Kg), mais avec toutes les normes de sécurité moderne et en y intégrant une petite batterie, c'est une vraie prouesse !
Un seul moteur !
Contrairement aux R4/R5, la Twingo ne proposera dans un premier temps qu'une seule motorisation, il s'agit d'une traction de 82 chevaux réalisé en Chine par Shangai e-Drive.
Avec 175nm de couple, le 0 à 50Km/h promet d'être assez vif, sous les 4 secondes (3,85s exactement). Le rapport poids-puissance est donc plutôt correct, même si j'aurais aimé une centaine de chevaux pour tenir le rythme si la voiture transporte 4 adultes et quelques bagages.
Autre bonne nouvelle, la conduite à une pédale (1-Pédale) sera de série dès le lancement ! Rappelons que ce système permet de freiner en relâchant l'accélérateur jusqu'à l'arrêt complet, en régénérant la batterie. On pourra toutefois garder du rampage et jouer sur les niveaux de régénération. Petit détail qui a son importance, la one-pédale ne fonctionne pas en marche arrière... attention aux mauvaises surprises !
Une toute petite batterie
Sur les seuils de porte de cette Twingo électrique, il est écrit que l'on peut partir à l'aventure, du moins, on en aurait bien envie !
Car avec 27,5 kWh de capacité nette (~29 kWh brut), vous n'irez pas bien loin -au mieux, 263km en cycle WLTP. Cela donne environ 100 à 150Km sur autoroute, voire même beaucoup moins en hiver, par mauvais temps et chargé à 80%.
Ce choix s'explique par la volonté de conserver un tarif très agressif (<20 000€), d'autant que la batterie est LFP, ce qui permet encore de réduire les coûts. Mais avec une densité énergétique moindre, cette chimie pénalise fortement l'autonomie : à volume équivalent, un pack NMC proposerait certainement au moins 300 à 340Km !
A noter que sans pompe à chaleur, le refroidissement du pack de batterie ne se fera que par air, avec de petits volets actifs à l'avant. Le problème se posera plutôt en hiver, car réchauffer la Twingo imposera d'allumer un chauffage classique, quatre fois moins économe qu'une PaC !
Recharge rapide (enfin presque !)
La recharge de la Twingo électrique cache aussi des bonnes surprises, mais aussi quelques déceptions.
Avec un 10-80% en 30mn à 50KW, cela permet de charger rapidement la batterie même sur des bornes très limitées en puissance, ce qui est parfois le cas en centre ville. Mais attention, la version de base n'offrira pas cette option, le CCS n'est pas de série !
Cette décision est incompréhensible et assez inédite sur le segment -même la Dacia Spring ne fait pas cette erreur. D'autant que sur ce modèle abordable, la charge AC est limitée à 6,6kw, soit 4h15 pour charger la voiture sur une borne publique !
Renault promet que le passage au CCS et à la recharge AC 11kW (2h35 pour une charge complète en ville) ne sera pas trop cher, espérons que les vendeurs conseillent abondamment l'option à des clients souvent néophytes.
Ces limitations sont d'autant plus étonnantes que la V2L (3600W), mais aussi le V2G (11kW) seront proposés sur la Twingo. Le premier permet de sortir du courant de la batterie (pour charger un vélo électrique par exemple) tandis que le V2H permet de redistribuer de l'électricité sur le réseau, et de gagner un peu d'argent à la revente -mais ce système ne fonctionne qu'en France et dans quelques rares pays pour l'instant -pas encore en Suisse, par exemple.
Un intérieur " jeune et bigarré"
Une fois à bord de la Twingo, la comparaison avec la première version se fera principalement sur la qualité des plastiques (médiocres), les sièges à réglages mécaniques et les apparitions de la carrosserie sur les contreporte, mais ça s'arrête là.
L'ensemble est plutôt moderne, avec de nombreux petits clins d'oeils ici et là... comme ce magnifique bouton des feux de détresse, façon bonbon acidulé. Le reste des commandes de climatisations, elles, sont reprises du Duster...
Les designers ne se sont fixés aucune limite, que ce soit pour les tapis de sol, les inscriptions Twingo un peu partout -jusque dans le ciel de toit- ou les sièges très colorés -dont on a l'impression qu'ils sont recouverts d'une housse lavable, très à la mode dans les années 90.
Quant on y regarde d'un peu trop près, Renault a gardé un style très roots, avec ces vis apparentes dans les contre-portes, ou encore l'absence totale de caoutchouc dans les vide-poches, porte-gobelets ou même dans la boite à gant -tout ce qui est dedans ne vas pas arrêter de valdinguer pendant les trajets !
Amusant, la poignée de porte apparait dans le prolongement de l'accoudoir. Elle tombe littéralement sous la main !
Enfin, autre clin d'oeil à la première Twingo, les fenêtres arrière ne s'ouvrent pas en entier, il s'agit simplement d'un système d'aération sur quelques centimètres... pratique avec les enfants !
Connectivité 3.0
Alors qu'on aurait pu s'attendre un simple écran central, façon Tesla, Renault à offert un équipement digne de la R5 du segment supérieur !
L'instrumentation débarque sur une dalle presque carrée de 7", de quoi afficher avec modernité les infos de conduite et d'autonomie, le tout avec une police inédite et des animations très travaillées -on adore ! La personnalisation reste toutefois limitée, mais ce n'est pas un problème quand l'ergonomie est au rendez-vous.
L'écran central, lui, reprend le système de la R5, ce qui est une très bonne nouvelle. Basé sur Android Automotive avec les services de Google, le système est non seulement très complet, mais il embarque de nombreuses applications Android (streaming audio et vidéo, ChatGPT via l'assistant Reno, des jeux, etc.).
Le planificateur intégré permettra même de réaliser des trajets en se laissant porter la sélection automatiques de bornes, sans se prendre la tête. Renault propose d'ailleurs une carte Mobilize compatible avec la plupart des prises en Europe, bien que le plug&charge ne soit pas disponible à la sortie de la Twingo -dommage, car il s'agit d'un système qui évite de badger à chaque fois.
Pour les fans d'Apple, CarPlay sera bien de la partie, tout comme une application mobile permettant de préchauffer la voiture en hiver ou de programmer ses charge la nuit. Dommage que la clef numérique ne soit pas encore prévue au lancement, mais il est possible qu'elle débarque plus tard, sous forme de mise à jour, comme on nous l'a promis avec la R5.
24 aides à la conduite
On pourrait s'étonner qu'une citadine propose autant d'aides à la conduite (24 en tout), alors qu'elle se destine finalement assez peu au grands trajets.
En réalité, Renault propose surtout ce que la réglementation lui impose, ce qui est déjà énorme en Europe. En pratique, ces aides concernent principalement des alertes de sécurité, comme la détection des angles morts, les signaux à l'ouverture de la porte, au moment de se garer ou tout simplement, des aides actives à la conduite, comme le freinage d'urgence pour éviter les collisions.
Sur autoroute, la voiture peut corriger une trajectoire, mais pas conduire toute seule -il manque des caméras et un radar longue portée. Vous ne pourrez donc pas lâcher le volant à grande vitesse, mais ces options restent rarissimes sur les petites voitures.
Une voiture pour les "anciens jeunes" ?
Renault a-t-il enfin trouvé la bonne formule pour relancer la Twingo ? Une chose est sûre, son style fait mouche et l'on peut remercier Luca DeMeo d'avoir redonné vie à ces petites voitures emblématiques de la marque.
Les équipes en charge du projet ne cachaient d'ailleurs pas leur fierté d'avoir su travailler chaque aspect du véhicule avec le plus grand soin, que ce soit sur les éléments techniques, la connectivité ou encore la plateforme électrique. Renault a enfin compris qu'à la manière de Tesla, un véhicule électrique doit être pensé en interne comme une plateforme logicielle à part entière, et non un assemblage de composants de différents fournisseurs.
Evidemment, un seul mot revient à la bouche de tous mes confrères sur place : l'autonomie.Oui, mais c'est une citadine nous rétorque souvent la communication de Renault. Sauf qu'à aucun moment de l'histoire, les petites voiture de ville n'ont été interdites de sortir des agglomérations. Que ce soit avec la R5 ou la 4L dans les années 80, ou la Twingo dans mes années 90, on a tous fait les 400 coups avec ces voitures, qui étaient les seules vraiment accessibles après avoir passé le permis. De mon point de vue, 40 kWh constituent aujourd'hui le minimum syndical sur un véhicule personnel, quadricycle mis à part.
Pour autant, ses concurrentes proposent un rayon d'action assez voisin, 220Km pour la BYD Dolphin Surf, 225 pour la Dacia Spring. Toutefois, la chinoise propose aussi un pack de 40 kWh qui permet d'atteindre 322 km (comme la Fiat 500e) mais le tarif grimpe alors à 25 000€, comme la R5 40 kWh. Si les ventes ne sont pas au rendez-vous, je ne serais pas étonné que Renault fasse de même sur la Twingo, avec une batterie NMC par exemple.
Malgré cet écueil, je vous avoue que j'ai hâte d'en prendre le volant, car même s'il s'agira forcément d'un second véhicule, j'imagine tout à fait partir au travail à son bord chaque matin, le sourire aux lèvres. Peut-être que pour ce public là, les 250 à 300Km promis en ville seront après tout bien suffisants pour leurs usages. Je regrette quand-même que Renault n'ait pas réellement répondu aux besoins des jeunes actifs et des étudiants, dont le budget est limité... Ceux-là préféreront sans doute les modèles d'occasion, probablement thermiques, offrant un rayon d'action suffisant pour... partir à l'aventure et en vacances, une promesse pourtant gravée sur cette nouvelle Twingo 100% électrique !
