Un SSD dans un boitier USB 3 ? Tests, conseils, et l'importance de l'UASP
Par Didier Pulicani - Publié le
La plupart des consommateurs ont donc choisi de garder un
petitSSD pour le système et les applications, tandis que les disques à plateaux sont généralement relégués pour le stockage, l'archivage et la sauvegarde de documents.
Seulement voilà, une fois qu'on a goûté au SSD, on a du mal à accepter de travailler avec un disque du XXe siècle, dont les cliquetis deviennent rapidement aussi insupportables que les temps d'accès aux données. Si vous faites du montage, du traitement photo ou que vous bossez avec des gros documents, vous aurez rapidement envie d'avoir un disque de travail externe véloce et au niveau du SSD interne.
USB3 ou Thunderbolt ?
L'USB3 est arrivé bien tard sur Mac, presque une année après le monde PC. Apple souhaitait en profiter pour développer son concurrent, le Thunderbolt, qui proposait des débits deux fois plus élevés (10Gbps contre 5 pour l'USB3) et des temps d'accès bien meilleurs. Manque de chance, le consortium autour de ce nouveau standard n'a pas permis de développer convenablement l'écosystème et de proposer des périphériques bon marché.
Résultat, on trouve bien des disques durs externes qui combinent Thunderbolt et SSD (comme le MiniStation SSD de Buffalo, qu'on a testé ici), mais leurs tarifs sont indécents : presque 2€ le Go ! Et à l'heure où nous écrivons ces lignes, il n'existe aucun boitier Thunderbolt
videsur le marché. Un comble !
Pendant ce temps, l'USB3 est arrivé sur Mac et se retrouve à présent sur toute la gamme. Son interface permet d'atteindre les 5Gbps, soit 625Mo/s maximum théoriques, de quoi endiguer sans mal les débits de la plupart des SSD SATA3 du marché. L'USB3 va d'ailleurs évoluer et passer à 10Gbps dans sa version 3.1, ce qui devrait permettre d'atteindre pratiquement 1Go/s, comme en sont capables les meilleurs SSD PCIe du commerce (ou certaines versions Thunderbolt).
Au moment du choix, l'USB3 est donc aujourd'hui la meilleure alternative, à moins d'un usage spécifique qui exigerait des performances que seul le Thunderbolt 2 (20Gbs) peut fournir (traitement en 4K etc.).
Quels boitiers et quels SSD choisir ?
Quel SSD choisir ?
Il existe sur le marché quantité de SSD, mais le nombre de fabricants est loin d'être infini. Citons notamment Crucial, Transcend, Samsung, Intel, SanDisk, ou encore Kingston parmi les plus connus.
Soyons clairs, en 2014, les performances se rejoignent de plus en plus, même s'il subsiste encore quelques différences entre les contrôleurs et le type de mémoire utilisé. Mais la véritable limitation vient surtout de l'interface SATA3, plafonnant à 6Gbps théoriques, soit un débit assez proche de l'USB3 (5Gbps). En clair, la plupart des SSD du commerces sont désormais capables de délivrer les 400 à 500Mo/s au delà desquels il faudrait changer de connectique.
Pour du stockage externe, il n'est donc pas nécessaire de casser sa tirelire : attendez plutôt la bonne affaire sur une grande marque (Crucial, SanDisk, Samsung...), on trouve désormais des modèles sous la barres des 50 centimes / Go.
Pour notre test, nous avons choisi un modèle Crual M500 de 480Go, dont le prix tourne autour de 200€ sur Amazon.
La jungle des boitiers
Du côté des boitiers, le choix est un peu plus compliqué : il existe différentes tailles, formats, et de nombreuses marques. Les prix, aussi, varient du simple au double, et la qualité est très variable.
Voici quelques conseils pour bien choisir son boitier USB3 :
- le boitier doit être au format 2.5’’, inutile de choisir plus grand pour y placer un SSD
- il faut absolument que le boitier gère la norme SATA III 6Gbp/s (les boitiers en SATA2 se font rares)
- évitez de mettre plus de 40€, on trouve aujourd'hui de très bons modèles entre 15 et 30€
- avec les SSD, pas besoin de ventilateur. Optez en revanche pour un boitier métallique, qui dissipera mieux la chaleur
- attention à bien vérifier l'épaisseur maximale. Les SSD nécessitent souvent des boitiers acceptant des disques de 9.5 mm (il suffit de mesurer votre SSD)
- enfin, et c'est tout l'objet de notre test, vérifiez bien la présence de la mention UASP, nous allons voir pourquoi ce protocole est si important
Pour notre test, on a décidé de prendre 2 types de boitiers
bas de gamme, le moins cher possible :
- un ICY BOX IB-231StU3-G qu'on trouve autour de 15€
- un ICY BOX IB-254U3, dont la tarif est similaire
La seule différence entre les deux (hormis la forme et les matériaux) concerne le contrôleur, qui prend en charge le protocole UASP sur le second modèle.
Pour rappel, USB Attached SCSI (UAS) est un protocole qui permet d'améliorer les transferts sur le port USB. Il autorise en fait d'utiliser des commandes SCSI sur le port. L'UASP se différencie du mode
bulk-only transportpar la séparation des signaux de commandes et des données et la file d'attente (command queuing). Avec l'UASP, les commandes ne sont plus exécutées séquentiellement, mais parallélisées et réordonnées de manière optimale, ce qui permet d'augmenter très nettement les performances.
OSX gère ce protocole à partir de la version 10.7.4.
Benchs
On commence avec notre boitier le plus bas-de-gamme, sans UASP et vendu une quinzaine d'euros.
Comme vous le voyez, sur les petits fichiers, on retrouve des débits tout à fait acceptables pour un SSD (et évidemment loin devant un disque à plateaux), rien d'affolant, donc, et de quoi travailler dans de bonnes conditions. En revanche, on s'étonne un peu des débits maximaux qui plafonnent autour de 250Mo/s. Un tel SSD est théoriquement capable d'envoyer entre 400 et 500Mo/s, ce qui est un peu frustrant :
Crucial M500 480Go + ICY BOX IB-231StU3-G (sans UASP)
On change donc notre M500 de boite, pour tester une version plus récente et surtout, prenant en charge l'UAS. Et là, grosse surprise, on gagne entre 30 et 40% de débit ! Les 400Mo/s sont même atteints en crête, contre à peine 250Mo/s précédemment.
Crucial M500 480Go + ICY BOX IB-254U3 (avec UASP)
A titre de comparaison, notre petite boitier bricolé fait mieux que notre Buffalo miniStation en Thunderbolt qui a du mal à dépasser les 350Mo/s (mais le disque est seulement de 256Go, ce qui doit jouer un peu...) :
Buffalo miniStation SSD (2013)
Pour pousser plus loin notre test, on a réalisé des benchs sur des fichiers de plus grande taille, entre 10 et 100Mo (très courant lorsqu'on traite de la vidéo, par exemple). Et là encore, les 400Mo/s sont largement dépassés (430Mo/s au maximum) alors que sans UASP, on plafonne au mieux, à 242Mo/s.
Conclusion
Y'a-t-il encore vraiment besoin de conclure ? L'UASP permet des débits proches de ceux atteints lorsqu'on branche le SSD directement en SATA3.
Mieux, à l'heure où nous écrivons ces lignes, la gestion de l'UASP n'engendre pas de coût plus important. Il est en revanche nécessaire de bien regarder les spécifications au moment de l'achat, au risque de perdre 30 à 40% de performances.
Les boitiers USB3 gérant l'UASP constituent donc une excellente alternative aux très coûteux disques Thunderbolt. Avec l'arrivée de l'USB 3.1, les débits vont d'ailleurs doubler assez rapidement et permettre de retrouver les performances des SSD PCIe qui équipent désormais nos Mac.
Liens
Boitiers testés :
- un ICY BOX IB-231StU3-G à 15€89 chez LDLC
- un ICY BOX IB-254U3 vendu 14€90 chez LDLC, 15,95€ chez materiel.net en version 7,5mm (le plus rapide, avec l'UASP)
SSD testé :
- Crucial M500 480GO (200€ sur Amazon, 209,95€ chez LDLC, 219,95€ chez Materiel.net)